Nouvelle molécule pour lutter contre le paludisme en Centrafrique

Pour faire face à l’épidémie de paludisme qui sévit en Centrafrique, l’association Médecins sans frontières (MSF) a déployé dans trois villes du nord, le Traitement préventif et présomptif intermittent (TPPI) basé sur une mollécule : la dihydroartémisinine – Pipéraquine (DHA/PQ). Cette dernière est approuvée par l’Organisation mondiale de la santé.
Dans la seule ville de Batangafo, au nord de la Centrafrique, on recense 40 000 personnes touchées par le paludisme depuis le début de l’année 2015. La maladie y est devenue la première cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans. Pour faire face à ce fléau, l’organisation non gouvernementale Médecins sans frontières (MSF) a décidé d’agir. Dans l’attente d’un hypothétique vaccin, l’ONG a décidé de déployer le Traitement préventif et présomptif intermittent (TPPI) dans trois villes du pays que sont Batangafo, Kabo et Ndélé. Il s’agit d’un traitement à base d’une molécule appelée dihydroartémisinine-pipéraquine (DHA/PG), approuvée par l’Organisation mondiale de la santé.
Durant trois jours début août, Début août, trois jours durant, les agents de santé de MSF, installés dans le lycée de la ville de Batangafo, ont administré ce traitement novateur à près de 7 000 enfants. “Cette molécule va à la fois traiter le paludisme et le prévenir. Elle reste dans le sang pendant une durée de 3 à 4 semaines », explique Patrick Irengue, référent du projet à MSF. « Le processus a déjà été expérimenté à Madawa, au Niger en 2014.” Mais si le TPPI a déjà été mis en place par le passé, c’est la première fois que la nouvelle molécule DHA/PQ est utilisée. Les résultats sont sans appel. Ils montrent une diminution allant de 50 à 80 % du taux de mortalité, suivie d’une baisse des consultations et des admissions pour des cas de paludisme.
Pourtant, cette campagne de traitement a été difficile à mettre en place, du fait de la réticence de la population à l’égard du corps médical. Dans la campagne centrafricaine, le monde médical suscite cependant la suspicion. Isidore Feimona, assistant de la chef de projet, explique qu’un gros travail de sensibilisation a été nécessaire afin de faire comprendre à la population, surtout aux mères de famille, les bienfaits de ce traitement. “Beaucoup ont peur, elles cachent les enfants lorsque nous arrivon.” Pour lutter contre cette défiance, MSF déploie sur le terrain une vingtaine de personnes surnommées “agents palu’”, chargés de sensibiliser les populations.
La ville garde également de grosses séquelles de la « bataille de Batangafo » de 2014, qui a détruit les bâtiments publics et administratifs. Le lycée du village a quant à lui été déserté. Des rebelles musulmans de l’ex-coalition Séléka sont également venus mettre à mal la campagne de traitement de l’ONG, en blessant un commerçant chrétien et obligeant les casques bleus de l’Organisation des nations unies à intervenir. et pourchassés par une foule en colère, se sont réfugiés dans la base de MSF. La foule s’est massée devant le bâtiment, exigeant que leur soient rendus les deux musulmans, avant de caillasser le portail.
Le paludisme est une maladie potentiellement mortelle chez l’homme, provoquée par des parasites du genre Plasmodium transmis par les moustiques. Le paludisme est une maladie caractérisée par des épisodes fébriles aigus. Les symptômes apparaissent au bout de 7 jours ou plus (généralement 10 à 15 jours) après la piqûre de moustique infectante. Les premiers symptômes sont de la fièvre, maux de tête, frissons et vomissements. En 2013, le paludisme a été à l’origine de 584 000 décès (avec une marge d’incertitude comprise entre 367 000 et 755 000), pour la plupart parmi les enfants africains. Pourtant, il s’agit d’une maladie évitable dont on guérit. Le renforcement des mesures de lutte et de prévention permet de réduire de façon spectaculaire la charge palustre dans certains endroits.