ENEO au secours du barrage de Song Loulou

Vendredi 7 juillet 2015 à Yaoundé, les ministres de l’Eau et de l’énergie (Minee) et des Finances (Minfi), viennent de procéder à la signature de l’avenant n°2 du contrat cadre de concession à Energy of Cameroon (Eneo). Cet accord entérine également le transfert des barrages de retenue de Bamendjin, de Mbakaou et de la Mapé, jusqu’à présent gérés par Eneo, à Electricity Development Corporation (EDC).
Le consommateur africain paie en moyenne 14 cents de dollars (13 centimes d’euros) son kilowattheure, soit l’un des tarifs les plus élevés de la planète. A titre d’exemple, celui d’Asie du Sud paie seulement 4 cents. Conséquence les familles consacrent environ 30 % de leurs revenus à l’énergie. Aussi la question du développement énergétique en Afrique est elle cruciale. Voilà pourquoi la nouvelle selon laquelle l’énergéticien camerounais Eneo s’est engagé à réaliser sur les trois prochaines années des travaux d’urgence sur le barrage de Song Loulou, le plus important du pays, est a accueillir avec joie. Lesdits travaux, qui donneront lieu à des réalisations complémentaires, nécessitent 11 milliards de F CFA (16,77 millions d’euros) selon une estimation du cabinet d’ingénierie français ISL datant de 2011.
Le barrage de Song Loulou, principal aménagement hydroélectrique du Cameroun avec une puissance installée de 384 MW, a été construit entre 1976 et 1981. Il a par la suite rapidement connu de sérieux désordres liés à l’alcali-réaction du béton, avec un grave dysfonctionnement des ouvrages en béton ou des équipements de la prise d’eau et de l’évacuateur en damoclès. Aussi, d’importants travaux de confortement devaient être entrepris. Un comité technique paritaire sera mis en place par l’Etat et l’entreprise pour assurer le suivi desdits travaux, valider les travaux complémentaires à réaliser et proposer des modalités techniques et financières de réalisation. Toujours à propos des barrages, les deux parties sont revenues sur le principe du transfert des barrages-réservoirs à Edc déjà prévu dans le cadre du premier avenant conclu en 2006. Le comité chargé de suivre ce processus y travaille d’ailleurs depuis plusieurs mois.
L’opération qui a conduit à cette révision du contrat visait, entre autres, la définition des modalités techniques et financières de mise en place du gestionnaire du réseau de transport, la détermination des modalités de rétrocession des barrages de retenue sur la Sanaga à Electricity development corporation (Edc), l’assise de la formule du contrôle de revenu sur le coût du service, l’adoption d’un nouveau règlement de service, et la négociation des compensations éventuelles. L’objectif étant d’arrimer les contrats du secteur aux lois de l’Etat du Cameroun, notamment la nouvelle loi régissant le secteur de l’électricité. Ainsi, après l’avenant de 2006, les travaux de relecture ont repris en 2012, pour aboutir le 16 décembre 2013 à la signature d’un protocole d’avenant et d’un relevé détaillant les points de relecture.
La qualité allant de paire avec le coût, une augmentation des prix de l’électricité est à prévoir. Les deux parties conviennent dorénavant d’un mécanisme d’augmentation tarifaire pluriannuelle, au détriment d’une hausse annuelle rarement respectée et qui met souvent l’entreprise en porte à faux à l’égard des bailleurs de fonds et impacte sa trésorerie. Au demeurant, Eneo se voit assigner des objectifs de branchements par région incorporés dans son plan d’affaire annuel. Eneo doit ainsi faire figurer ces objectifs de branchements des consommateurs au réseau dans son plan d’affaire annuel et le soumettra chaque année à l’Arsel ainsi qu’un rapport détaillé sur la réalisation de nouveaux branchements. Le gouvernement a enfin consenti à Eneo la possibilité pour cette entreprise de sélectionner de nouveaux producteurs indépendants d’électricité dans des conditions spécifiques.