La 10ème édition du FESPAM, fierté congolaise

Le coup d’envoi de la 10ème édition du Festival Panafricain de Musique a été donné dimanche 18 juillet par le président congolais, autour du thème “la dynamique des musiques africaines dans la diversité des expressions culturelles.” Bilan d’un rendez-vous culturel couronné de réussite, malgré un contexte difficile.
Les Congolais, entend-on, ont moins le cœur à la fête. Le Fespam 2015 s’annonçait sous les pires auspices. L’effondrement du prix du baril de pétrole, l’une des principales ressources du Congo Brazzaville, a conduit il y a quelques mois le gouvernement (qui supporte la quasi totalité des frais) à réduire de façon drastique le budget de l’événement. Il est passé de plus de 6 milliards à moins d’un milliards de francs CFA. Résultat, les concerts se sont étalés sur cinq jours, jusqu’au 22 juillet, au lieu de huit habituellement. Et une seule scène principale a été retenue : le stade Eboué. Pourtant, le FESPAM, a regroupé pendant une semaine des artistes éminents venus de tout le continent et de la diaspora, et malgré quelques couacs, a été à la hauteur des attentes du public.
Malgré ce gros coup de ciseaux dans le budget, les programmateurs ont réussi leur pari : proposer un plateau de qualité et diversifié. Outre les invités cubains du mythique Orquesta Aragón (qui ont partagé la scène, le temps d’une chanson surprise, avec Manu Dibango, le parrain de l’édition), le festival a reçu la Malienne Sira Kouyaté, la charismatique Sud-Africaine Thandiswa Mazwai ou encore les Africains-Américains de Groupe de Jazz. Tous ont été très chaleureusement accueillis, même si le public, jeune et essentiellement congolais, a réservé ses liesses les plus déchaînées aux stars de Kinshasa et de Brazzaville. Il s’est enflammé pour, Roga Roga, Serge Beynaud, Doudou Copa ou Fabregas, et surtout « le roi de la forêt » Noël Ngiama Makanda Werrason.
Cette star de la musique congolaise moderne, patron du groupe Wenge musica Maison-mère a brillamment livré son spectacle, considéré par certains comme le meilleur de cette dixième édition. Par ce premier acte, le roi de la forêt, a montré son amour pour la patrie . Et les stratagèmes de Werrason ne finissent pas là. Après deux morceaux de musiques accompagnés d’un show, il a été encore plus émouvant, lorsqu’il a invité le public à recevoir sur scène, un artiste de son groupe Wenge Musica Maison-mère, un enfant du Congo- Brazzaville, Merlin Bouton. Alors que le public n’avait pas encore fini d’applaudir, c’est un Merlin Bouton, la coqueluche de Dolisie (dans le département du Niari) qui fait son apparition sur scène cette fois-ci arborant les couleurs nationales de son pays (avec le drapeau de la République du Congo). Comme un véritable jeu de ping-pong, là encore, Werrason marque un coup qui lui fait valoir une salve d’applaudissements du grand public.
Quelques couacs ont néanmoins émaillé les festivités. Des problèmes persistants de larsen ont gâché certains concerts. L’organisation a connu des ratés : ainsi le public a attendu J. Martins pendant une quarantaine de minutes – il ne pouvait rejoindre le stade Félix-Éboué, trop bien sécurisé par les policiers.
Le Congo s’est vu confier l’organisation du Fespam depuis 1996, à la suite d’une campagne haute en couleurs. Il y avait des pays mieux cotés que le Congo à l’époque ; la RDC, le Nigeria et Madagascar. «Comme chez nous on ne valorise pas nos coutumes, nos ethnies, à travers le Fespam, on peut nous connaître et on peut découvrir nos racines», assure une spectatrice. Pendant une semaine, chacun a pu soutenir son artiste ou ses artistes préférés. Le Fespam accueille également des tables rondes et rencontres en dehors des différents concerts programmés.