Tournée africaine de François Hollande : le retour de la Françafrique ?

Comment interpréter la tournée de François Hollande qui a vu le président français se rendre au Bénin, en Angola et au Cameroun ? Un voyage de deux jours très chargé, les 2 et 3 juillet derniers, placé sous le signe du maintien de la stabilité régionale et du redéploiement des industries françaises en mal de confiance. Un moyen de revenir à la Françafrique ? Le journaliste Pascal Airault tente de percer le mystère.
C’est juré, la Françafrique appartient au passé. Tous les présidents français le promettent depuis trente ans, mais force est de constater que les vieilles habitudes ont la peau dure. La Françafrique est encore plus mal vue lorsque la France est dirigée par les partis de gauche. Mais où se place François Hollande qui s’est rendu dans trois pays du continent début juillet ? Pascal Airault, journaliste à L’Opinion donne son avis quant à la ligne tracée par le président de la République française.
Côté pile, les relations sont plus claires et saines. Les intermédiaires ont (presque) disparu. La politique se fait directement entre les chefs d’Etat ou via le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian qui a su développer des relations étroites avec le président tchadien Idriss Déby et celui du Congo Brazaville, Denis Sassou Nguesso. Les conseillers de François Hollande le poussent à s’ouvrir à l’Afrique anglophone et à sortir des sentiers balisés afin de prendre la mesure de l’ensemble du continent.
Côté face, des questions commencent à se poser quant à la politique discrète (mais visible) que la France aiderait à mettre en place au Bénin. Le président Yayi Boni ne pourra pas se représenter pour un troisième mandat dans quelques mois, et Lionel Zinsou vient d’être nommé Premier ministre et donc désigné officieusement comme dauphin du président. Problème, M. Zinsou est un banquier franco-béninois qui a été la plume de Laurent Fabius et à qui François Hollande a commandé un rapport en 2012 sur la France et l’Afrique. La France est-elle en train de placer ses pions ? Autre reproche qui peut être fait au président Hollande : son rapport à la démocratie. Peu est dit sur le respect de la démocratie en général et la realpolitik conduit bien souvent les décisions françaises.
Cela se vérifie avec la visite en Angola. L’économie de ce pays d’Afrique centrale fait envie avec une production de 700 000 barils de pétrole par jour, un budget annuel de 30 milliards de dollars et des programmes ambitieux de diversification de l’économie. Les échanges bilatéraux avec la France se sont élevés à 2,34 milliards d’euros en 2014, soit une progression de 69 %. L’économie est au cœur de ce voyage même si les questions de Défense ne sont jamais loin.