RDC: le manque d’énergie pénalise les groupes miniers

Dans le Katanga, au sud-est de la République démocratique du Congo, le manque d’électricité affecte lourdement la production minière. Les retards engendrés sur le production ont de sérieuses retombées fiscales, et les autres secteurs – en particulier le commerce de produits frais – sont aussi largement affectés.
“On vit une situation de stress permanent et c’est l’enfer”. A l’usine STL de Lubumbashi, Jean-Pol Tavernier résume les difficultés du secteur minier liées au manque d’électricité dont souffre le Katanga. Directeur de la maintenance, M. Tavernier explique que la société a besoin de 34 mégawatts pour faire tourner ses installations à plein régime. Mais il faut encore compter avec les “délestages”, souvent plusieurs fois par jours. Le mois d’avril a été particulièrement terrible, raconte M. Tavernier, avec des coupures de courant qui ont pu durer jusqu’à sept heures. “Le problème énergétique a commencé à se faire sentir à partir du boum minier de 2006-2007”, dit-il, “la situation a commencé à se dégrader jusqu’à devenir vraiment catastrophique à partir de 2012”.
Désireux de hisser le Congo au rang des nations émergentes à l’horizon 2030, le gouvernement compte sur la hausse de la production minière pour accroître ses recettes fiscales afin de sortir de l’ornière un pays parmi les moins développés au monde. Mais la renaissance de l’industrie minière n’a été accompagné par la mise en service d’aucune nouvelle unité de production d’électricité et la Snel se retrouve contrainte de gérer la pénurie, incapable d’assurer les contrats de fourniture de courant passés avec les industries minières.
Dans ces conditions, prévient la Chambre des mines congolaises, la production est condamnée à plafonner. Les objectifs des industriels comme du gouvernement ne peuvent être atteints. Le déficit énergétique dont souffre le secteur est évalué à 600 mégawatts. Cela représente un manque à gagner de “250.000 à 300.000 tonnes de production sur l’année”, dit Ben Munanga, directeur Énergie et Infrastructures pour le groupe kazakh ENRC et membre de la Commission Énergie de la Chambre des mines.
Pour tenter de pallier les difficultés, certaines entreprises installent des groupes électrogènes, d’autres ont recours à de l’électricité importée de Zambie, mais dans les deux cas, cela représente un surcoût. Les commerçants de la ville souffrent des mêmes affres : “Sur les 24 heures, on a une moyenne de 10 à 12 heures de courant. Alors là, on ne sait plus travailler. Nous avons un grand groupe industriel par jour, on peut dépenser 30 litres de mazout et si vous multipliez par 30 (pour le mois), le rendement est presque nul”, explique l’un d’entre eux.
Les opérateurs économiques se plaignent des pertes que leur fait subir l’instabilité de l’énergie électrique à Lubumbashi, depuis douze jours. A la base, un incendie survenu au répartiteur sud qui alimente une grande partie de cette ville. Le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi est allé se rendre compte de l’état d’avancement des travaux du répartiteur sud qui se trouve dans les installations de la Gécamines. Cette station qui alimente près 70 % de Lubumbashi en énergie électrique avait été incendiée jeudi 7 mars dernier. Incendie causé par un court-circuit qu’avait déclenché une souris, selon le directeur de la Snel au Katanga. La direction provinciale de cette entreprise affirme qu’elle est à pied d’œuvre pour rétablir la desserte en énergie électrique.
Fin avril, le gouvernement a fait un geste en prenant un décret exonérant pour quatre ans les groupes miniers du paiement des droits de douane et de la TVA sur l’électricité importée et le matériel destiné à la production d’électricité.Vieilles et mal entretenues pendant des années, les centrales électriques congolaises doivent régulièrement être immobilisées pour leur maintenance – ce qui provoque une fragilité énergétique très pénalisant.
Grâce à ses gisements fabuleux du Katanga, la RDC est aujourd’hui le premier producteur mondial de cobalt, métal très prisé par les industries de pointe, et dispute à la Zambie voisine la première place du classement des producteurs de cuivre africains, avec une production record de plus d’un million de tonnes en 2014.
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