Tchad : double attentat-suicide meurtrier à N’Djamena

Deux attaques simultanées, visant la police ont fait au moins 23 morts dans la capitale ce lundi. Bien qu’ils n’aient pas étés revendiqués, on reconnaît le modus operandi de le secte islamique Boko Hram , contre laquelle lutte le pays.
Les kamikazes sont arrivés à moto lundi 15 juin, dans un quartier pourtant très sécurisé de la capitale tchadienne. Leurs cibles pour ce double attentat-suicide quasiment simultané : le commissariat central et l’école de police. Le bilan provisoire est lourd : 23 morts et une centaine de blessés. Dans un communiqué, lu à la radio nationale, le gouvernement tchadien a assuré que ” la situation [était] sous contrôle”, et a ajouté que quatre “terroristes” avaient été tués dans ces deux attaques.
Dans l’après-midi, Hassan Sylla Bakari, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, a pris la parole sur l’antenne de la télévision nationale “Boko Haram se trompe de cible. Ces terroristes sans foi seront débusqués et mis hors d’état de nuire où qu’ils soient. Cette attaque ne découragera pas le Tchad de combattre ces bandits et le gouvernement poursuivra la lutte contre les criminels.”
Face à un type d’attentats inédits dans la capitale tchadienne, le gouvernement annonce également la création d’une “cellule de crise” et interdit de circulation les véhicules aux vitres fumées. Après les attaques, de nombreuses forces se sont déployées dans la ville, où les mesures de sécurité ont été considérablement renforcées. Le gouvernement a tenu une réunion de crise sur ces attentats sans le président Idriss Déby Itno, qui est rentré dans la journée d’hier à N’Djamena, après le sommet de l’Union africaine en Afrique du Sud.
Les suspicions sont d’autant plus tournées vers Boko Haram, puisque l’armée tchadienne participe activement depuis février à une opération militaire régionale visant à chasser le groupe islamiste du fief qu’il s’est taillé dans le nord-est du Nigeria. En effet, Nigeria, Niger, Tchad, Cameroun et Bénin ont convenu le 11 juin, lors d’un sommet à Abuja, de mettre sur pied une force régionale, dans le but de mieux lutter contre les djihadistes. Aujourd’hui, 5 000 soldats tchadiens sont engagés dans cette lutte. N’Djamena ne se trouve qu’à une cinquantaine de kilomètres du nord-est du Nigéria, là où est implanté Boko Haram.
Dans une vidéo de propagande, diffusée il y a quelques semaines, l’organisation terroriste menaçait le Tchad d’attentat. L’approche du ramadan, qui commencera le 17 juin, accentue les tensions, selon cette même source, qui précise que contrairement à l’armée, la police n’a pas reçu de formation antiterroriste. “Il y a eu trop de négligences, mais maintenant on va se réveiller.”
C’est à N’Djamena que la France a établi le quartier général de son opération Barkhane au Sahel. C’est aussi dans la capitale tchadienne que la force régionale de lutte contre Boko Haram aura son commandement. Cette force d’intervention, baptisée MNJTF (selon son acronyme anglais),devrait être opérationnelle d’ici le 30 juillet. Elle rassemblera près de 9 000 hommes.