RDC : quand les pétrodollars menacent le parc des Virunga

Le parc national des Virunga (République démocratique du Congo) est un joyau de l’Afrique centrale consacré patrimoine mondial par l’UNESCO depuis 1979. Son extraordinaire biodiversité en fait un sanctuaire à protéger des appétits voraces comme celui de la société pétrolière SOCO International. De lourds soupçons de corruption pèsent sur cette compagnie depuis la publication de documents compromettants par l’ONG Global Witness.
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe. Lorsque l’ONG Global Witness a dévoilé ce mercredi des documents montrant l’existence de transactions financières entre la société SOCO International et un militaire congolais, les cabinets de communication de crise ont dû avoir le téléphone sonner à tout rompre. Comment expliquer, en effet, qu’un officier de l’armée congolaise, le major Burimba Feruzi, ait touché environ 37 000 euros de la société pétrolière SOCO ? En tout, ce sont quatre chèques qui ont été répertoriés et constituent sinon la preuve, au moins l’allégeance prêtée par cet officier aux intérêts d’une entreprise privée.
Faciliter les activités du groupe, telle aurait été la mission d’un Burimba Feruzi capable du pire bien que cela reste à prouver par un tribunal. L’homme fait fi de toutes les règles et de la moral et serait à l’origine d’une campagne d’intimidation à l’encontre des populations locales et des ONG jugées trop hostiles au développement de SOCO. Deux pêcheurs ont été battus à mort sans que les assassins n’aient été arrêtés malgré un faisceau de preuves solide. Violences (mortelles) et corruption font partie de l’arsenal d’un officier au lourd passif.
Les premiers éléments à charge remontent à des scènes tournées dans le cadre du documentaire Virunga, nommé aux Oscars 2014 dans lequel on voit l’officier offrir 3 000 dollars à un garde du parc pour permettre à SOCO d’aller jusqu’au cœur du seul refuge encore intact de gorilles des montagnes.
Le journal Le Monde, a pu obtenir une première réaction de la SOCO qui ne nie pas avoir financé « le travail effectué par l’armée congolaise pour assurer la sécurité de son personnel et de ses contractants lors des opérations sismiques ». Mais elle « réfute toute allégation laissant penser que ces financements pourraient être liés à des actes d’intimidation ou de violence ».
Nathaniel Dyer, directeur de Global Witness en RD Congo déclare pour sa part que « ces paiements ne sont peut-être que la pointe de l’iceberg ». Une crainte non pas dénuée de fondements qui laisse craindre un avenir difficile pour la faune et la flore du parc des Virunga.
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