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Le Prix Christophe Mérieux 2015 remis au congolais Jean-Jacques Muyembe

L’Institut de France a annoncé mercredi l’attribution du prix Christophe Mérieux 2015, doté de 500.000 euros, au professeur Jean-Jacques Muyembe, pour célébrer ses recherches sur Ebola. Ce dernier avait contribué à la découverte de la fièvre hémorragique à virus Ebola (FHVE) et avait été le premier chercheur à se rendre sur le site de la toute première épidémie.

 

Le 26 mai, la le virologue congolais Jean-Jacques Muyembe s’est vu remettre le prestigieux prix annuel par la Fondation Christophe et Rodolphe-Mérieux dont l’objectif est de contribuer notamment à la recherche scientifique appliquée à la santé publique et d’aider au développement de projets en matière de formation scientifique et d’éducation scolaire. À Kinshasa, le ministre de la Santé a confirmé l’attribution pour une contribution internationalement reconnue dans la lutte contre Ebola.

 

Depuis 2007, la Fondation Christophe et Rodolphe Mérieux décerne chaque année un grand prix scientifique intitulé “Prix Christophe-Mérieux” à une équipe de recherche, étudiant les maladies infectieuses dans les pays en développement. Ce prix est destiné à aider la recherche sur les maladies infectieuses et à récompenser de façon exclusive les équipes de recherche travaillant de manière permanente au sein même de ces pays. Ainsi montant de 500 000 euros est réparti de la manière suivante : 100 000 euros sont versés pour récompenser, à titre personnel, le lauréat responsable de l’équipe, et 400 000 euros servent à financer le développement des recherches de l’équipe.

 

Pr Muyembe était le premier chercheur qui, en 1976, s’était rendu sur place lors de la première apparition du virus Ebola à Yambuku en République démocratique du Congo (RDC, appelée Zaïre à l’époque). Avec son équipe, il avait commencé par notifier les manifestations cliniques de la maladie, à partir d’observations faites ainsi que les complications tardives, les aspects épidémiologiques, virologiques et thérapeutiques. Afin de préciser l’étiologie de cette maladie, il avait ramené avec lui à Kinshasa une infirmière fiévreuse, dont le sang lui avait permis d’identifier le nouveau virus à l’Institut de médecine tropicale d’Anvers, en Belgique.

 

Par le suite, le Pr Muyembe a entrepris, à la suite de l’épidémie de Kikwit en 1995, des recherches plus approfondies sur le virus. Il a ainsi réussi à mettre au point des mesures particulières de contrôle d’Ebola, utilisées depuis lors pour la gestion des épidémies en Afrique. Ce dernier a également expérimenté la transfusion du sang de convalescents d’Ebola sur 8 malades, permettant d’en soigner 7 et constituant ainsi les prémices d’une sérothérapie anti-Ebola actuellement en développement. Il avait également apporté son “expertise” en Afrique de l’Ouest quand faisait rage l’épidémie d’Ebola qui a commencé en janvier 2014, faisant plus de 11 000 morts, selon un bilan publié le 26 mai dernier.

 

“Nous sommes très fiers de ce prix remporté par notre compatriote, qui a consacré tant d’années à la lutte contre le virus Ebola. En fait, c’est lui le découvreur du virus, lui qui a permis à notre pays d’avancer dans la lutte”, a déclaré Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais. La dernière épidémie d’Ebola en RDC, la septième de son histoire, a duré de fin août à mi-novembre 2014 et a fait officiellement 49 morts dans une région enclavée de la province de l’Équateur (nord-ouest), en pleine forêt équatoriale, dans le district de Boende (800 km au nord-est de Kinshasa). Lors de cette épidémie, le “Dr Muyembe, grâce aux connaissances accumulées ici, nous a épargné une véritable hécatombe”, a souligné M. Mende.

 

Par ailleurs, dans une étude parue dans mBio le 26 mai, une équipe internationale composée de scientifiques de l’Albert Einstein College of Medicine of Yeshiva University et de l’US Army Medical Research Institute of Infectious Diseases ont démontré que la molécule NPC1, qui permet l’entrée du virus Ebola dans le cytoplasme de la cellule, est essentielle à l’infection. Des études menées sur des souris indiquent qu’il s’agirait du talon d’Achille du virus : si NPC1 est défaillante, les souris échappent à la maladie. Cette découverte est susceptible de porter un coup sérieux à l’épidémie qui fait rage chez nos voisins d’Afrique de l’Ouest.

 

 

Publié le 28 mai 2015 à 10 h 01 min par Rédaction

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