L’Union européenne met la main à la patte pour la Centrafrique

La présidente de transition centrafricaine Catherine Samba Panza a exhorté mardi la communauté internationale à verser l’aide promise au pays, notamment pour financer des élections d’ici la fin de l’année. La Commission européenne s’est engagée à verser une aide supplémentaire de 72 millions d’euros à la République de Centrafrique – dont 10 millions dédiés à l’aide humanitaire.
La présidente de la Transition en Centrafrique, Mme Catherine Samba Panza, a quitté Bangui dimanche matin pour Bruxelles en Belgique, pour présenter à l’Union européenne (UE) les résultats du forum national de réconciliation qui s’est déroulé du 5 au 11 mai dans la capitale centrafricaine. Mme Samba Panza, qui doit être reçue le 26 mai au siège de l’UE, a exhorté mardi la communauté internationale à verser l’aide promise au pays, notamment pour financer des élections d’ici à la fin de l’année. “Je réaffirme ici ma détermination à organiser des élections démocratiques et crédibles (…) En tout état de cause, ces élections se tiendront avant la fin de l’année 2015.”
En effet, après la conclusion du Forum de Bangui qui représente un véritable engagement pour la paix et la stabilité, la RCA court le risque de ne pas pouvoir faire face aux besoins pour financer le processus électoral, l’aide humanitaire, la reconstruction ou la démobilisation, le désarmement et la réinsertion des milices. Sur place, les besoins restent énormes. Si les élections ont été reportées de quelques mois, 17 millions de dollars restent à trouver pour mener à bien le processus, selon Florence Limbio, la ministre centrafricaine de l’Economie. “Ce serait regrettable si les élections ne pouvaient pas être organisées ou si elles devaient être reportées en raison d’un manque de financement, alertait Louise Mukishiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères. Nous devons au peuple centrafricain ce soutien spécifique.”
Le forum de réconciliation centrafricain a décidé le 11 mai de reporter les élections présidentielle et législatives initialement prévues avant le mois d’août. Les quelque 600 délégués de ce forum s’étaient réunis pour trouver une sortie à la meurtrière crise politico-militaire et ethnique de 2013-2014. Au terme de la conférence internationale pour la Centrafrique, la Commission européenne a décidé d’octroyer 72 millions d’euros d’aide supplémentaire, en plus de l’aide courante déjà promise à la République Centrafricaine. “Nous apportons une aide supplémentaire de 10 millions d’euros pour financer l’aide humanitaire”, a annoncé le commissaire européen à la Coopération et au Développement, Neven Mimica. “L’Union européenne reste aux côtés de la république de Centrafrique et nous nous engageons à aider ce pays à résoudre les défis à venir”.
L’UE finance déjà en Centrafrique de grands travaux à forte intensité de main d’oeuvre, notamment la réhabilitation des infrastructures détruites ou en mauvais état. Elle a aussi crée un fonds fiduciaire – le fonds Békou – pour aider la République centrafricaine à se relever de la crise dans laquelle ce pays est empêtré depuis mars 2013. Le fonds est utilisé pour financer la construction ou la réhabilitation des hôpitaux, des écoles et des ateliers de renforcement des capacités de certaines catégories d’agents ainsi que des activités en faveur des femmes.
Sur le seul plan humanitaire, l’Onu a estimé les besoins d’aide de la Centrafrique à 613 millions de dollars pour 2015. Mais seulement 21% de ce montant a effectivement été versé à ce stade. “Nous avons eu beaucoup d’annonces, d’intentions, mais les décaissements des fonds n’ont pas suivi les attentes”, a souligné la présidente. La situation humanitaire reste désastreuse, a averti Kyung-Wha Kang, secrétaire générale adjointe du bureau des Affaires humanitaires de l’Onu (OCHA). Protéger les civils reste très difficile, les femmes et enfants, coincés entre les groupes armés, restent particulièrement exposés aux violences et abus. “Avec l’Union européenne, nous avons fait face aux urgences humanitaires”, a déclaré la présidente de transition. “Il est temps de dépasser l’urgence humanitaire et d’aller vraiment vers le relèvement des populations. Nous avons beaucoup de personnes déplacées à l’intérieur de la République centrafricaine, beaucoup de personnes réfugiées dans les pays voisins. Ces personnes veulent rentrer en République centrafricaine!”
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