Economie au Tchad : une navigation à vue ?

Le Tchad serait-il en voie de redresser singulièrement son économie ? C’est ce que laissait penser le point d’achèvement de l’Initiative des pays pauvres très endettés (PPTE) finalement atteint après plus de dix années d’attente. Mais la récente loi de finances rectificative qui voit l’augmentation significative du déficit budgétaire plombe des espoirs à peine esquissés.
Grâce à ses efforts et au message diplomatique délivré par la France auprès des institutions internationales (FMI et Banque mondiale), le Tchad a atteint le point d’Achèvement des pays pauvres les plus endettés (PPTE) qui va lui permettre d’annuler sa dette extérieure à hauteur de 500 milliards de francs CFA. Si cette bonne nouvelle dont se félicite le ministre tchadien des Finances, Bédoumra Kordjé, a été très bien accueillie par les milieux politiques et financiers début mai, l’élan n’aura été que de courte durée.
Trois semaines plus tard, le Parlement est obligé de voter une loi de finances rectificative qui prévoit un déficit budgétaire de 413 milliards de F CFA contre seulement 177 milliards dans la première version. La loi de finances votée en décembre 2014 comptait sur des recettes d’environ 1 500 milliards pour des dépenses de l’ordre de 1 700 milliards, mais les dernières prévisions tablent désormais sur des recettes à peine supérieures à 1 000 milliards F CFA.
Cet écart important est directement lié à la baisse continue et prolongée des cours du pétrole. Si le ministre des Finances se défend d’être à la tête d’une économie pétrolières, les revenus issus des hydrocarbures représentent tout de même 2/3 des recettes de l’Etat. A cette dimension économique s’ajoute l’instabilité croissante de la région en raison de la percée de Boko Haram. Un mauvais cocktail qui fait quelque peu dérailler une économie tchadienne en voie de rétablissement. Le soutien (économique et politique) de la France et des institutions internationales ne sera pas de trop pour parer à cette double menace qui pèse sur un pays clé de la stabilité régionale.
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