Viols en Centrafrique : La France a-t-elle voulu enterrer l’affaire ?

S’il y a une affaire qui embarrasse au plus au point la France sur le continent africain, c’est bien celle des viols présumés commis par des militaires français contre des femmes et des enfants centrafricains. Chargés de protégés les populations civiles, certains soldats se sont-ils mués en bourreaux ? Que penser de l’attitude du commandement et du Gouvernement français ?
On l’appelle la « Grande muette » et elle porte bien son nom depuis les premières révélations portant sur des viols qui auraient été commis par des soldats français déployés en Centrafrique dans le cadre de l’opération Sangaris. Les faits se seraient déroulés entre décembre 2013 et juin 2014. Plus de 9 000 hommes ont été déployés depuis le début de la mission de protection et comme le souligne un conseiller français qui s’exprime sur cette affaire, « on ne peut pas exclure qu’il y ait un certain nombre de salopards ». Autrement dit, aucune hypothèse n’est écartée et la justice tente de démêler des fils bien nombreux.
Tout a commencé avec la réception par les autorités françaises d’un rapport de l’ONU en juillet 2014. Les informations effrayantes contenus dans ce rapport ont été « d’emblée prises très au sérieux » selon une source anonyme qui suit le dossier côté français. Et il est vrai que le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire dès le 31 juillet après « dénonciation » du ministère de la Défense. Une enquête pour « viols sur mineurs de 15 ans ». Enquête entamé dans des délais très brefs, mais néanmoins faite dans un silence assourdissant jusqu’aux révélations du Guardian.
Il n’en faut pas plus pour qu’une partie de la population centrafricaine voit les soldats français comme des prédateurs et non des hommes prêts à sacrifier leur vie pour protéger des innocents et en premier lieu des enfants. Bien que les patrouilles se fassent toujours dans un calme relatif, certains regards sont lourds de sens et dans certains quartiers de Bangui règnent une hostilité larvée alors que le pays est toujours en proie à une réelle agitation. Entre remerciements et insultes, les soldats français doivent composer avec une image dont ils auraient bien voulu ne pas avoir affaire.
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